Le vent du matin caresse le port de Cassis, portant des effluves de sel et d’iode. Les bateaux amarrés oscillent en rythme, leurs coques colorées frôlant les pontons. Un ticket à la main, on sent monter cette excitation discrète, celle qui précède l’évasion. Ici, point de route ni de sentier balisé : seul compte l’horizon où se mêlent eau et ciel. Aujourd’hui, c’est par la mer que nous partirons à la découverte des calanques, ces entailles sauvages dans la roche blanche, où la Méditerranée s’engouffre comme une invitation au voyage.
Le capitaine coupe les moteurs près d’une paroi rocheuse. Le silence qui s’ensuit est presque surprenant. Seuls persistent le clapotis de l’eau et le vol des oiseaux maritimes au-dessus de nos têtes. On se surprend à écouter le vent s’engouffrer dans les anfractuosités de la roche, à observer les jeux de lumière sur les strates géologiques. Ici, le temps semble suspendu.
L’appel du large
Le moteur s’éveille dans un grondement sourd, puis le bateau quitte le quai, laissant derrière lui les terrasses animées et les cris des mouettes. Bien vite, le décor se transforme. Les maisons pastel de Cassis rapetissent, cédant la place à des parois de calcaire qui s’élancent vers le ciel. Le soleil frappe la surface de l’eau, changeant chaque vague en une mosaïque d’éclats lumineux. On plisse les yeux, on cherche l’ombre d’un chapeau, on savoure cette brise marine qui caresse la peau. Le capitaine, dont le visage porte les marques des embruns, désigne la première calanque : Port-Miou. Pas de plage ici, mais une eau si limpide qu’on distingue les rochers à dix mètres de profondeur. Le bateau ralentit, le silence s’installe, seulement rompu par le clapotis contre la coque. On croirait entendre le souffle même des falaises.Au fil des criques secrètes
Chaque calanque a son âme. Après Port-Miou, c’est au tour de Sormiou de se révéler, plus large, plus ouverte, avec sa petite plage de galets où quelques barques de pêcheurs reposent à sec. L’eau y prend des teintes bleutées, presque irisées. On imagine aisément les baigneurs estivaux, mais ce matin, le lieu nous appartient presque. Le bateau vire ensuite vers En-Vau, la plus célèbre, la plus photogénique aussi. Ses falaises en arc de cercle enferment une plage de sable fin, accessible uniquement à pied ou par la mer. Depuis le pont, on distingue les randonneurs, petits points colorés sur les crêtes.
Le capitaine coupe les moteurs près d’une paroi rocheuse. Le silence qui s’ensuit est presque surprenant. Seuls persistent le clapotis de l’eau et le vol des oiseaux maritimes au-dessus de nos têtes. On se surprend à écouter le vent s’engouffrer dans les anfractuosités de la roche, à observer les jeux de lumière sur les strates géologiques. Ici, le temps semble suspendu.
Sensations et partages
Ce qui frappe avant tout, c’est l’échelle des lieux. Depuis la mer, les falaises paraissent encore plus imposantes, leurs courbes sculptées par des millions d’années d’érosion. On se sent minuscule, mais non écrasé : plutôt comme un invité privilégié dans un spectacle bien plus grand que soi. Les autres passagers échangent des sourires complices, des exclamations admiratives qui n’ont besoin d’aucune explication. Un couple partage un thermos de café, un enfant tend la main vers l’eau pour en effleurer la surface. Et puis, il y a ces odeurs : un mélange de pin, de sel et de chaleur minérale. Parfois, une bouffée de thym ou de romarin nous parvient, portée par le vent depuis les collines. On comprend pourquoi les Grecs anciens nommaient ces lieux des « ports naturels » : ils offrent à la fois abri et émerveillement.Pourquoi s’y aventurer ?
Parce qu’ici, la nature ne se contente pas d’être belle : elle se fait théâtrale. Les calanques de Cassis composent un décor qui se métamorphose à chaque instant, au gré du soleil, du vent ou des nuances de l’eau. En bateau, on accède à des perspectives impossibles depuis la terre ferme, on découvre des grottes, des arches naturelles et des criques secrètes où peu de pieds humains se sont posés. C’est aussi une expérience accessible à tous. Pas besoin d’être un loup de mer : les excursions durent d’une à trois heures, sur des embarcations stables, avec des équipages rompus à l’accueil des familles comme des voyageurs solitaires. Les tarifs restent abordables (comptez entre 20 et 40 € par personne selon la durée), et les départs sont fréquents en haute saison. Enfin, parce que c’est une façon de saisir l’âme méditerranéenne. Depuis le pont, on observe les pêcheurs relever leurs filets, les kayakistes pagayer vers les criques, les voiliers glisser vers Marseille. On réalise que cette côte, si sauvage en apparence, palpite de vie, de travail et de traditions ancestrales.
Conseils pour l’aventure
- Quand partir ? Privilégiez le printemps ou l’automne pour éviter l’affluence et profiter d’une lumière dorée. En été, partez tôt le matin pour bénéficier d’une mer d’huile et de sites presque déserts.
- Quel bateau choisir ? Les vedettes à moteur allient rapidité et confort, mais les voiliers offrent une ambiance plus intimiste, surtout au coucher du soleil. Certains armateurs proposent des sorties en petit comité.
- Que prévoir ? Une casquette, de la crème solaire, une bouteille d’eau et un appareil photo. Méfiez-vous des reflets du soleil sur les falaises, où l’ombre se fait rare.
- Et après ? De retour à Cassis, offrez-vous une dégustation de vins blancs locaux dans une cave du port, ou une assiette de bouillabaisse face à la mer. Les calanques, ça donne de l’appétit !


