Calanque de Sormiou, Marseille grandeur nature

Entre falaises de calcaire blanc et eaux transparentes, Sormiou se révèle après une randonnée exigeante. Ici, le temps semble suspendu : silence minéral, lumière changeante et l’écho discret de ceux qui, jadis, y ont vécu.

Article posté le
19 novembre 2025

La première fois qu’on aperçoit Sormiou, c’est depuis les crêtes, après une ascension où chaque virage semble repousser les limites du paysage. Puis, soudain, la mer apparaît, d’un bleu si profond qu’il en devient presque irréel. En contrebas, la calanque s’étire comme une cicatrice dans le calcaire, ses falaises blanches reflétant une lumière crue, presque aveuglante. Ici, le silence n’est troublé que par le ressac des vagues contre les rochers et, parfois, le cri d’un goéland. On comprend vite pourquoi cette crique, à quelques encablures de Marseille, est à la fois un havre et un mystère.

Scenic View of Calanque de Sormiou in Marseille

Un lieu façonné par le temps et les hommes

Les calanques de Marseille sont des chefs-d’œuvre géologiques, mais Sormiou porte aussi l’empreinte des hommes. Dès le XIXe siècle, pêcheurs et paysans y ont vécu, coupés du monde par ces falaises abruptes. Leurs cabanes, aujourd’hui disparues ou transformées, évoquent une époque où l’on s’y installait par nécessité plutôt que par plaisir. Les vestiges de cultures en terrasses, à peine visibles, témoignent d’une lutte tenace contre ce territoire inhospitalier. Aujourd’hui, Sormiou est un site préservé, intégré au parc national des Calanques, où la nature reprend ses droits, mais où l’on perçoit encore, sous la lumière rasante du soir, la présence discrète de ceux qui l’ont habitée.

Le sentier qui y conduit est une leçon d’humilité. Il serpente entre pins et genévriers, descend en lacets abrupts vers la mer et exige de poser chaque pas avec prudence. La roche est chaude sous les doigts, la terre exhale le thym et le romarin écrasés. Parfois, un lézard s’enfuit entre les pierres. La fatigue se fait sentir, mais elle est récompensée : à l’arrivée, la plage de galets, bordée d’une eau limpide, semble presque irréelle après l’effort consenti.

L’expérience de Sormiou : entre effort et contemplation

Atteindre Sormiou, c’est d’abord accepter de ralentir. La calanque ne se livre pas sans peine. Il faut marcher, suer, parfois douter. Mais une fois sur place, tout bascule. L’eau, froide même en été, révèle des fonds marins animés de poissons multicolores. On s’allonge sur les galets, le dos réchauffé par le soleil, les yeux à demi fermés. Autour de nous, les falaises veillent, immobiles depuis des millénaires.

Les plus audacieux poussent jusqu’au petit port, où quelques barques de pêcheurs sont amarrées. Ici, point de restaurants ni de glaces, seulement l’essentiel : un café tenu depuis des générations par une même famille, où l’on sert des panisses et des navettes, ces biscuits marseillais à la fleur d’oranger. On y croise randonneurs, grimpeurs et nageurs, tous unis par cette sensation d’être au bout du monde, alors que Marseille n’est qu’à une dizaine de kilomètres.

A View of the Calanque de Sormiou in France

Pourquoi choisir Sormiou ?

Parce que Sormiou est une calanque à part. Moins fréquentée que sa voisine Sugiton, plus sauvage que Morgiou, elle offre une intimité rare sur la Côte Bleue. On s’y rend pour se sentir minuscule face à l’immensité des falaises, pour nager dans une eau d’une pureté troublante, pour arpenter des sentiers où chaque pas réserve une découverte. Et puis, il y a cette lumière, si particulière, qui se transforme au fil des heures : dorée au matin, éblouissante à midi, rosée le soir.

Les grimpeurs apprécient ses parois verticales, les plongeurs ses grottes sous-marines, les rêveurs ses recoins isolés. Tous, sans exception, retiennent leur souffle en arrivant au belvédère, d’où l’on embrasse d’un seul regard la courbe parfaite de la calanque, la mer à perte de vue et, au loin, les îles du Frioul.

Autour de Sormiou : l’appel des calanques

Sormiou n’est qu’un avant-goût. Aux alentours, le parc national des Calanques déploie ses trésors : à l’est, Morgiou et sa chapelle discrète ; à l’ouest, les criques secrètes de la Ciotat. Marseille, quant à elle, n’est qu’à une demi-heure de route. On peut y revenir le soir pour un pastis en terrasse ou prolonger l’aventure en embarquant vers les îles.

Mais avant de partir, on s’attarde encore. On écoute le vent murmurer dans les pins, on observe les ombres s’allonger sur les falaises. Car à Sormiou, on ne vient pas seulement pour voir. On vient pour ressentir, pour graver dans sa mémoire ces paysages qui, une fois découverts, ne vous quittent plus.